Tecmas met la barre très haut

En remportant, pour la deuxième année consécutive, le titre de champion de France de Superbike avec Kenny Foray et en signant une victoire aussi prestigieuse qu’historique aux 24 Heures du Mans pour sa première sortie en catégorie Superstock, le Tecmas Racing Team a placé la barre très haut en 2023. Il sera difficile de faire mieux en 2024 mais pas impossible selon le team manager Arnaud Sassone qui, tout en faisant preuve d’humilité, ne manque pas d’ambition : « C’est vrai que la saison dernière restera dans les annales mais nous sommes des compétiteurs et l’objectif est bien sûr de nous surpasser pour toujours faire mieux. Les objectifs sont clairs : en Superbike, et c’est une priorité pour nos partenaires officiels BMW et Michelin, un troisième titre d’affilée pour Kenny Foray et en Endurance, une victoire en Coupe du monde FIM en catégorie Superstock ».

La passe de trois pour Kenny Foray

Sacré challenge ! Avec un troisième titre consécutif, son quatrième en fait après celui glané en 2017 déjà avec Tecmas, Kenny Foray rejoindrait dans l’histoire du FSBK Grégory Leblanc (2013, 2014 et 2015) et Mathieu Gines (2019, 2020, 2021). « On va tout faire pour essayer de conserver ce titre de Superbike. C’est la priorité des priorités pour cette année 2024. Cela met une grosse pression sur le staff et le pilote. Pour se donner les meilleures chances d’y parvenir, il convient déjà d’éviter l’épisode du fameux « chat noir » de la course d’ouverture de ces deux dernières années au Mans. Attendre et même tout miser sur la dernière course pour décrocher le titre comme ces deux dernières années, c’est sans aucun doute très bon pour le spectacle et l’intérêt du championnat mais ô combien épuisant nerveusement… » Car cela oblige, en effet, à une folle course poursuite sans avoir la certitude de remonter le handicap concédé en début de saison. Er quand, en face, il y a des clients aussi expérimentés et talentueux que Mike Di Meglio, Alan Techer, Mathieu Gines ou Greg Leblanc, la tâche n’en est que plus ardue. « On s’est bien préparés. Et même s’il y a parfois des choses qu’on ne maîtrise pas forcément, je crois que nous sommes prêts pour Le Mans. Ayant reçu la moto assez tôt, on a pu multiplier les tests, en Espagne et en France, et les essais ont été très satisfaisants » poursuit le boss. La nouvelle BMW M1000 RR n’ayant reçu aucune évolution technologique par rapport à celle de 2023, c’est aussi un avantage pour Kenny Foray qui connaît cette machine mieux que personne. « On ne part pas dans l’inconnu. On connaît tous les circuits, la moto est maîtrisée et on devrait être compétitif dès le premier meeting dans la Sarthe ».

Loïc Arbel aussi en Superbike

La grande nouveauté pour Tecmas en FSBK sera de pouvoir aligner un deuxième pilote « maison », capable de viser assez régulièrement le Top 5 et le titre des challengers (réservé aux moins de 28 ans) avec Loïc Arbel. « Loïc est une très bonne recrue pour le FSBK et je suis très content qu’il nous ait fait confiance pour son passage du 600 au 1.000 cc. L’année dernière, il a terminé 3e du championnat 600 Supersport et on sait qu’il est rapide. En 2023, il était déjà sur la BMW1000 avec nous en Endurance, ce qui nous avait permis de voir beaucoup de qualités chez lui, tant dans son pilotage que dans sa façon de travailler et de communiquer. Loïc voulait partir sur un programme complet, vitesse et endurance en 2024. On a su trouver une solution pour qu’il puisse intégrer la grande famille BMW avec un petit soutien de l’usine, qui avait été séduite par ses prestations en endurance, pour son programme en FSBK » se réjouit Arnaud Sassone, persuadé que Loïc Arbel est une future pépite de la vitesse française.

Trouver une solution, il le fallait car le risque était grand de voir Loïc partir dans un autre team, ce qui aurait eu des répercussions désobligeantes pour Tecmas en Endurance. Là, l’écurie berruyère s’attaquera à la Coupe du Monde FIM avec le même trio de pilotes, très homogène et complémentaire, des pilotes connaissant aussi parfaitement la M1000 RR, ce qui est toujours un avantage.

Dans le sillage de son leader Kenny Foray, Loïc Arbel visera le Top 5 en Superbike. Et s’il pouvait ravir quelques points aux adversaires directs du champion de France en titre, ce serait un plus. « En fait, l’objectif pour Loïc sera le titre en challengers (réservé aux moins de 28 ans, Ndlr). Il connait les circuits, il maîtrise la moto, il a déjà une belle expérience. Même dans un contexte relevé, c’est jouable » estime le boss avant de rappeler que le dernier titre d’un pilote Tecmas en Challengers remonte à 2019, avec Maxime Bonnot.

Lucas Sassone, le rookie

Le rookie Lucas Sassone, 21 ans, sera le troisième pilote Tecmas engagé en Superbike. Après son grave accident de l’année dernière à Lédenon en European Bikes (fracture du bassin notamment) et une année 2023 où il a très peu roulé, Lucas a décidé de passer un gap en montant en Superbike. « Il sait que la marche est haute, que ça va être compliqué mais il avait envie de rouler avec des pilotes plus rapides, plus professionnels, pour éviter le genre d’accident qu’il a eu à Lédenon avec un pilote gentleman driver bénéficiant d’une wild-card. Physiquement, il a bien récupéré et ne semble pas avoir de séquelles comme il l’a prouvé lors des essais hivernaux en Espagne… » explique son patron de père. L’objectif, pour Lucas, sera de terminer les courses, de continuer à progresser et de marquer des points au classement des challengers sur une BMW et des circuits qu’il connait bien.

Tecmas sera également représenté en European Bikes avec le Neversois Antoine Chapeau qui découvrira la 1000 avec des ambitions de Top 5 et Franck Felipe qui entamera sa deuxième saison avec l’écurie de Bourges.

Tecmas semi-officiel BMW en Endurance

Si le FSBK est une priorité pour la Tecmas, l’Endurance ne l’est pas moins. La victoire de prestige aux 24 Heures du Mans, pour la première sortie du team en Superstock, a aiguisé les appétits et chacun, dans un coin de sa tête, garde l’idée qu’il était tout à fait possible de remporter la Coupe du Monde FIM dès la première année. « On y croit vraiment » abonde Arnaud Sassone. « On a prouvé la saison dernière qu’on pouvait aller chercher ce titre. La perfo était là, la stratégie aussi, il nous a seulement manqué la fiabilité à Spa et au Bol d’Or où nous avions à chaque fois signé la pole-position et le meilleur tour en course »

Tecmas aura encore bien des arguments à faire valoir en 2024. Même moto donc, même trio de pilotes avec Kenny Foray, Loïc Arbel et l’Allemand Jan Bühn et un gros plus, « le statut de semi-officiel ce qui se traduit par un soutien financier de BMW Allemagne. Parallèlement, pour ce qui est de la logistique, de la mutualisation des pièces et même des hommes, on aura à nouveau le soutien de l’écurie officielle MRP de Werner Daemen engagée en EWC » précise Arnaud Sassone.

Reste donc à l’écurie Tecmas et à BMW à trouver la fiabilité. « La moto est la même que celle utilisée l’année dernière. On a travaillé cet hiver sur de nouvelles petites astuces, notamment au niveau de la béquille, pour gagner du temps sur les ravitaillements. Concernant le moteur, chez BMW Allemagne, on a beaucoup travaillé sur la fiabilité en adoptant, notamment, un processus de montage différent et cela devrait être payant » optimise Arnaud Sassone. Il le fallait car, après la victoire au Mans, casser à Spa et au Castellet après même pas une heure de course, sans avoir eu la moindre alerte, sans le moindre petit surrégime, c’est d’autant plus rageant que la n°9 était, et de loin, la Superstock la plus performante du plateau. La déception n’est sans doute pas complètement effacée. « C’est surtout au Bol qu’on a pris un gros coup sur la tête car Loris Baz, un pilote de niveau mondial, nous avait fait confiance pour remplacer Jan (Bühn) blessé, au tout dernier moment. Il n’a même pas fait un tour…Pfff. On était tous très excités de le voir sur notre moto mais ça a été un pétard mouillé. On a tous énormément travaillé pour ne pas revivre semblable mésaventure. Une course de 24 heures, c’est très long, épuisant tant pour les hommes que pour la mécanique. Il y a aussi les aléas de course mais casser si tôt en course, ce n’est pas admissible. Ce n’est même pas un problème de fiabilité comme on peut l’entendre en Endurance. Sur une course de 24 heures, le manque de fiabilité, c’est une casse après dix-huit ou vingt heures de course. Là, dans notre cas, c’est autre chose… »

Remporter la Coupe du monde FIM

Cela dit, le team manager de l’écurie berruyère se veut optimiste : « Je sais que BMW a beaucoup travaillé sur le moteur pour remédier à tout ça. Côté pilotes, on ne change rien et c’est un plus, même si on peut regretter que Jan Bühn n’ait pas un programme plus complet. La moto est performante et le leitmotiv est clairement de remporter la Coupe du Monde FIM. Le règlement a changé cette année ; le Stock marquant des points au championnat à Suzuka. Quatre courses sont donc inscrites au calendrier (Le Mans, Spa, Suzuka, Le Castellet) mais pour le classement final, seuls les trois meilleurs résultats seront pris en compte. Si tout se passe bien au Mans et à Spa, on pourrait alors faire l’impasse sur Suzuka ce qui, clairement, nous arrangerait bien au plan financier d’autant qu’on ne reçoit aucun soutien financier, ni du promoteur, ni de la FIM, ni des télés. Mais au cas où on aurait grillé un joker au Mans ou en Belgique, il faudrait alors sans doute aller au Japon, même avec un effectif très réduit. On s’y prépare avec l’aide de nos partenaires ».

L’autre nouveauté de ce championnat 2024 réside dans la longueur des courses. Deux de 24 heures seulement, au Mans et au Bol, et deux de 8 heures à Spa et à Suzuka contre trois de 24 heures en 2023. « C’est plutôt un avantage si on a le même rythme que la saison dernière. Sur une course de 8 heures, on n’a pas besoin de jouer l’attente, d’espérer une casse-moteur, une crevaison ou une sortie de piste de nos adversaires. Sur une course de 8 heures, il faut être tout de suite dans le rythme et foncer et ça, on sait faire. Et puis, financièrement, c’est aussi une économie, en carburant et en pneumatiques notamment… ».

Rendez-vous donc au Mans les 20 et 21 avril prochains. Pour un remake de 2023 ?

Texte: Christian Ragot
Photo : SV Agency