Tecmas est toujours invaincu en 2025. L’écurie berruyère, qui survole le championnat de France de Superbike avec Kenny Foray (12 victoires en… 12courses) s’est imposée en catégorie Superstock lors de la 88e édition du Bol d’Or, quelques semaines après avoir remporté les 8 Heures de Spa. Troisième au scratch dans le Var, l’écurie berruyère termine également troisième de la Coupe du Monde FIM tout en n’ayant disputé que deux des quatre courses inscrites au calendrier.
Au fil des heures, la tension montait dans le stand Tecmas. Après un début de coure très solide, la n°9 caracolait pourtant en tête de la catégorie Superstock depuis 20 heures samedi. Loris Cresson, Bálint Kovács, Jan-Ole Jähnig et Hannes Soomer, les quatre pilotes, tournaient comme des horloges suisses. Sans à-coups, avec des chronos très proches les uns des autres. La nuit s’était déroulée comme dans un rêve. Pas la moindre petite alerte, aucune faute de pilotage et des ravitaillements parfaitement maîtrisés. A 7 heures du matin, aux deux-tiers de la course, la n°9 avait creusé un écart conséquent sur ses concurrents directs : 4 tours sur la Honda n°55 du National Motos et autant sur la Honda n°41 du Rac41. Un écart, on le verra, qui sera décisif…
Les yeux cernés, les paupières lourdes, écouteurs sur les oreilles, Morgan Rebeix, l‘ingénieur, et Arnaud Sassone scrutaient avec angoisse la moindre petite alerte sur les écrans des ordinateurs, « Normal que l’on soit crispé. Même avec une confortable avance, tant que le drapeau à damier n’est pas franchi, tout peut arriver. C’est ça l’Endurance » souffle Arnaud Sassone. Une crevaison à l’autre bout du circuit, une sortie de piste, un problème mécanique et ça pourrait tourner à la cata… « C’est pourquoi il faut rester extrêmement vigilant. Il y a tellement d’aléas dans une course de 24 heures… J’espère que l’orage, annoncé pour la fin de soirée, nous laissera tranquille. Sinon, vous vous rendez compte, si les choses restent en l’état jusqu’au bout ? En ayant marqué le maximum de points aux classements intermédiaires des 8 heures et des 16 heures, on terminerait 3e de la Coupe du monde FIM tout en n’ayant participé qu’à deux courses sur les quatre au programme. Pour une question de budget, on ne serait de toute façon pas allé à Suzuka, au Japon. Mais c’est quand même dommage de ne pas avoir pu s’aligner aux 24 Heures du Mans ».
A quatre heures de l’arrivée, il était donc hors de question de prendre le moindre risque. Garder un bon rythme certes, pour éviter tout relâchement, mais tout en ménageant la mécanique

Tout a bien failli basculer…
Mais tout a bien failli basculer du mauvais côté quand, à 12h28 très précisément, sentant des à coups dans le moteur, Hannes Soomer rentrait au stand. Heureusement, Morgan Rebeix diagnostiqua rapidement d’où venait la panne, faisant gagner un temps précieux. Un problème de capteur électronique placé sur la culasse. Et au final, 10’28’’ à l’arrêt, y compris le ravitaillement en essence. Quand Soomer repartait, la N°9 occupait la 3e position du Superstock (SST), derrière les Honda 55 et 41. L’avance accumulée tout au long de la nuit avait fondu comme neige au soleil.
« Maintenant, on n’a plus le choix. L’écart n’est pas irrémédiable. Il y a encore plus de deux heures de course. Il faut prendre des risques et attaquer » abondait Arnaud Sassone qui devait aussi penser à ménager Hannes Soomer, qui tournait jusqu’ici en 1’55’’/1’56’’. « Il a très mal au dos. J’ai demandé à Balint (Kovacs) et à Loris (Cresson) s’ils se sentaient capables de tourner en 1’54’’. Ils ont adhéré à 200%… ». Et ça l’a fait. Au gré des ravitaillement, Kovacs ramenait la n°9 en tête du SST à un peu plus d’une heure de l’arrivée. Les trois premiers se tenaient alors en moins de 40 secondes… Petit problème cependant pour Tecmas, « il va falloir changer les pneumatiques ce que nos adversaires directs n’auront pas à faire… » craignait Arnaud Sassone. Le fait est que quand Loris Cresson s’élançait pour le dernier relais, à 45 minutes de l’arrivée, la n°9 était à nouveau 3e… « On a tremblé jusqu’au bout » admettait le boss « Quand Loris est repassé devant à 30 minutes de l’arrivée, nos adversaires ont préféré assurer le podium et le championnat et ils ont fini par lâcher. On était vraiment plus rapides qu’eux de 2 à 3 secondes au tour… ».
L’explosion de joie après le drapeau à damier était à la hauteur de l’angoisse qui avait accompagné tout le team durant ces 24 heures de course. « Quelle bagarre. Quelle intensité » soufflait le boss. « Toute l’équipe a fait un travail formidable. Les pilotes surtout qui ont fait un sans-faute. Et dire qu’avant le Bol, ils ne se connaissaient pas et n’avaient que très peu expérience en Endurance. Mais tout de suite ils se sont bien entendus pour former une véritable équipe. On savait qu’ils étaient rapides ; ils l’ont prouvé sur la piste. Grâce à eux, nous terminons sur le podium de la Coupe du Monde FIM… » Et dire qu’en début de saison, Tecmas avait dit vouloir faire l’impasse sur l’Endurance…
Correspondance Christian Ragot
« L’Endurance, c’est horrible ! »
Bien installée en embuscade derrière la Suzuki du SERT, la BMW n°37 du World Endurance Team était en passe de décrocher son premier titre mondial en Endurance. Une première pour un constructeur européen. Et là ! Patatras. Casse moteur à moins d’une demi-heure de l’arrivée. « Ce qui n’était jamais arrivé ces deux dernières années » se lamente Romain Lamonica, l’ancien ingénieur Tecmas aujourd’hui sous la houlette de Werner Daemen. « L’Endurance, c’est trop horrible » hurle un mécano, effondré. Cette 88e édition du Bol d’Or, impitoyable pour beaucoup (32 motos seulement à l’arrivée contre 53 au départ) aura quand même été positive pour le constructeur allemand avec la victoire de l’écurie Champion-MRP-Tecmas en Superstock. Mieux, après l’abandon de la 37, Tecmas récupère la 3e place sur le podium scratch derrière la Suzuki n°1 du Sert (Black, Masson Linefoot) et la Yamaha n°7 du Yart (Hanika, Fritz, O’Hallora ), heureux champion du Monde 2025, pour un point, devant le SERT et BMW. Quant à la BMW n°6 du team ERC, avec Kenny Foray, elle a abandonné à 4 heures du matin suite à une chute de David Checa, la moto ayant brûlé dans sa cabriole. Enfin, pour son premier Bol d’Or avec l’écurie angevone T2C Racing, Lucas Sassone s’est classé 17e au scratch et 12e en SST. Pilote le plus rapide de son équipe, il a même eu l’honneur et le plaisir de passer sous le drapeau à damier le jour de son anniversaire.